Depuis que Jean-Marc Ayrault a traité Gérard Depardieu de "minable", la polémique devient une affaire d'Etat...

"Cyrano de Bergerac" avec Gérard Depardieu, sorti en 1990 © DR
Je comprends la colère des uns et des autres, mais eu égard à la carrière de notre Gérard Depardieu national, notre premier ministre n'aurait-il pas pu user de termes moins banals, moins triviaux... Car Gégé, tout de même, au cinéma ou à la télé, c'est Obélix, c'est Danton, c'est Rodin, c'est Jean Valjean, c'est Balzac, c'est le comte de Monte-Cristo, c'est Cyrano... Ah, Cyrano... Et Gérard lui-même aurait pu, pour répondre à Jean-Marc Ayrault, emprunter à nouveau la plume d'Edmond Rostand...
"Minable... Vous avez dit minable...
Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...
En variant le ton, — par exemple, tenez" :
Agressif : "Moi, monsieur, en ayant tant gagné,
Je verrais de bon cœur que l'on me prélevasse..."
Amical : "S'il vous plaît, donnez-nous quelques liasses,
Pour boucler ce budget qui tant nous handicape"
Descriptif : "Vous le roi, vous le roc, vous le pape
Du cinéma français, vous êtes ridicule..."
Curieux : "Pourquoi donc avez-vous fait ce calcul
De croire qu'en Belgique on ne paie pas d'impôt ?"
Gracieux : "Aimez-vous à ce point les oiseaux
Qu'un beau jour de décembre vous les imitâtes
Et vers l'Outre-Quiévrain de peur vous envolâtes ?"
Truculent : "Ça, monsieur, lorsque vous déclarez
Vos revenus de l'an, il vous faut ajouter
A votre formulaire des monceaux de papier"
Prévenant : "Gardez-vous, à ce point surtaxé,
De ne point confondre imposition et vol..."
Tendre : "Vous qui aimez les produits viticoles
Boirez pour oublier cet impôt qui vous tanne"
Pédant : "Pour une fois soyez donc gentleman
Cessez vos jérémiades et vos constants pathos
Sinon vous finirez en cul de basse-fosse"
Cavalier : "Quoi, l'ami, l'impôt est à la mode
Pour financer l'Etat, c'est vraiment très commode"
Emphatique : "N'as-tu pas, toi l'acteur magistral,
Honte de devenir un exilé fiscal ?"
Dramatique : "Oui, car c'est à blanc que l'on vous saigne..."
Admiratif : "Vous aimeriez que l'on vous plaigne..."
Lyrique : "Ne raisonnez donc pas comme Harpagon..."
Naïf : "Mais dites donc, ça paye d'être vigneron..."
Respectueux : "Souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
Car d'aussi riches, il y a bien peu d'individus..."
Militaire : "Rendez les armes, fifty-fifty..."
Pratique : "Vous auriez du jouer à la loterie
Car vous savez bien qu'on n'impose pas les lots"
Enfin, parodiant Cahuzac en un sanglot...
"La voilà donc cette star qui n'a de cesse de mettre
Son fric à l'étranger, il en rougit, le traître...
Voilà ce qu'à peu près, Ayrault, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit...
Mais de lettres, vous n'avez que les trois qui nous disent... ISF..."
Bon, Cyrano m'a fatigué, je vais me recoucher...