A Toulouse, ce week-end, on avait le choix entre le Salon du Livre et celui du Chocolat. La bonne idée aurait été de coupler les deux, comme à Balma avec le Salon du livre et du vin.
Là, il a fallu choisir. Un jour chacun. Aujourd'hui, chocolats avec dégustation minimaliste. Dommage. Une exposition de robes en chocolat; et pourquoi pas des dessous en chocolat? Au moins cela pourrait se partager... Il existe déjà des strings en bonbons mais bon, c'est moins tentant, à mon goût.
Hier, livres, auteurs, éditeurs. Après plusieurs années d'errements, le salon du livre de Toulouse semble avoir trouvé sa formule, son rythme, son public. Le succès est dû notamment à la présence assidue d'auteurs que l'on a tant de plaisir à voir et revoir, lire et relire : Pascal Dessaint, Fabienne Ferrière, Hélène Duffau, Benoît Séverac, Jean-Louis Marteil.
L'occasion de faire le plein de cadeaux ou l'art de faire plaisir aux uns (auteurs et éditeurs) et aux autres (ses proches).
J'ai appris que la région Midi-Pyrénées regorgeait de libraires et d'éditeurs. Je n'aurais pas cru. On ne se sent pas particulièrement bien accueilli en tant qu'auteur ici. Mais ce n'est peut-être que moi...
Le point sur le lectorat en France (extrait de
La Dépêche du Midi):
Toulouse, pays du livre
Toulouse. Midi-Pyrénées toujours en tête, en France, pour le nombre de librairies et d'éditeurs. La lecture est ici chez elle et tient salon ce week-end.
Une pléiade d'auteurs, mais aussi une centaine d'éditeurs et de libraires, c'est, au-delà de la littérature elle-même, toute la chaîne du livre qui se déploie au salon « Vivons livres », qui se tient aujourd'hui et demain à Toulouse. Un événement culturel majeur qui inscrit donc son projet sur une double page : celle de l'écriture, bien sûr, mais celle aussi de la confection et de la diffusion du livre. Il va s'agir, d'abord, de montrer la variété et la qualité de la production littéraire de cette région. À cet effet, des centaines d'auteurs sont là, pour présenter leurs œuvres, mais aussi s'ouvrir à d'autres horizons, puisque le salon accueille à leurs côtés des littérateurs venus d'Espagne, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, de Suisse, des États-Unis.
Dans le même temps, le salon promet aussi de mettre en lumière l'extraordinaire richesse de l'édition régionale. Cette indispensable « industrie » qui permet aux auteurs de passer la barrière du « journal intime », et de propulser leurs œuvres vers le public, compte pas moins de 100 « Maisons » en Midi-Pyrénées (nous avons choisi d'en présenter trois exemples très différents ci dessous). Un véritable record national dont l'importance n'a pas échappé à Martin Malvy, président de la Région, organisateur du salon qui observe : « au-delà de son intérêt culturel, le livre représente aussi un secteur économique de 9 000 emplois en Midi-Pyrénées ».
cette réalité économique et sociale va de pair avec un autre constat, strictement culturel celui-là : c'est le pays tolosan qui, en France, compte le plus grand nombre de librairies par cerveau d'habitant.
Une statistique qui confirme la flatteuse appréciation de Bescherelle qui notait dans son célèbre dictionnaire à propos des Pays de Garonne : « région où les choses de l'esprit ont plus d'importance qu'ailleurs». Ce jugement était avancé au XIXe siècle. La foule des visiteurs attendus ce week-end au centre des Congrès en sera le prolongement.
Aujourd'hui, sur le forum des éditeurs
Aujourd'hui à 14 heures, Le Grand Os fait sa revue avec les poètes Aurelio Diaz Ronda et Sébastien Lespinasse, le comédien Jean-Marie Champagne, et la compagnie de danse-théâtre Pasina & cie. Puis lectures et performances poétiques autour des auteurs publiés par Le Grand Os et la revue LGO.
De 15 heures à 16 h 30, les éditions Privat présentent Jaurès, éclaireur de notre temps avec les historiens Rémy Pech, Rémy Cazals et Jean-Michel Ducomte.
À l'occasion de son 170e anniversaire, Privat propose une réflexion sur la pensée de Jaurès : « Quelles seraient aujourd'hui les opinions et orientations sociales et politiques du visionnaire qu'il était ? », avec Philippe Terrancle, directeur des Éditions Privat.
De 16 h 30 à 17 h 30, Les Nouvelles Éditions Loubatières organisent une rencontre animée par Pierre Lasry sur « L'Europe et la Profondeur ». Avec Pierre le Coz, autour de son livre sur ce thème.
De 17 h 30 à 18 h 30, place au cinéma de Gindou en compagnie de Tertium Editions. Avec Philippe Étienne, réalisateur et organisateur des Rencontres Cinéma
de Gindou, et Nelly Blaya, photographe, Guy Cavagnac et Guy Fillion.
Débat animé par l'éditrice Mireille Veyssière, autour de l'ouvrage sur « Les Rencontres » qui retrace, à travers photos et témoignages, les nombreuses étapes de l'aventure humaine et cinématographique que sont ces événements.
De 18 h 30 à 19 h 30, les éditions N & B proposent « Le croissant chaud de Danielle Catala ». Avec Danielle Catala, comédienne et cofondatrice de la Cave poésie, qui mettra en voix des poèmes tirés d'ouvrages parus récemment aux Éditions N & B : La part vive d'Antoine Boisseau, Effets d'annonces suivi
du Carré chinois de Robert Nédélec et Herbier des jours de Progreso Marin.
Le Rouergue: plus de 500 titres au catalogue
Vingt-trois ans déjà : Le Rouergue Édition est entré dans la maturité. Avec de très beaux succès comme Les Déferlantes, de Claudie Gallay, l'an dernier (350 000 exemplaires et une prochaine adaptation au cinéma). Mais surtout un travail de fond dans l'édition d'ouvrages liés au terroir (Aveyron notamment). Et des diversifications heureuses comme la collection jeunesse. Pour la maison d'édition de Danielle Dastugue, à Rodez, la nature, la gastronomie, le patrimoine et un certain rapport au territoire sont toujours en ligne de mire. De ces années de travail souvent discret, il ressort deux choses importantes dans le monde feutré de l'édition : une réputation de sérieux et de fiabilité. Et un catalogue, riche de plus de cinq cents titres.
Les Requins Marteaux s'agitent à Albi
Contre vents et marées, les Requins Marteaux se maintiennent hors de l'eau dans le monde agité de l'édition. Iconoclastes et irrévérencieux, les Requins trimballent depuis 18 ans leur carcasse «d'indépendantistes» et d'activistes joyeux. De leur antre, situé à Albi, à deux pas de la fac, ils naviguent aux quatre coins de la France. L'association, créée en 1991 par trois compères, Marc Pichelin, Bernard Katou et Guillaume Gerse, a fédéré une bande d'auteurs de bandes dessinées et de musiciens. Les musicos ont disparu et les Requins se sont tournés vers l'auto-publication de leurs travaux, devenant un des premiers labels indépendants du début des années 90. Beaucoup d'encre a coulé sur les planches de BD depuis le premier bouquin édité par l'association, «José emmerde le monde», réalisé par Guerse et Pichelin à partir d'une petite machine offset. «Au début, expliquait Marc Pichelin, nous ne savions rien faire! Notre collectif a toujours fonctionné selon une géométrie variable. Nos projets partent dans tous les sens et c'est justement ce qui nous plaît. Parfois, on se trompe, parfois on a de bonnes surprises.» Comme le «Pinocchio» de Winshluss, un Requin Marteau qui s'est vu décerner le Fauve d'or 2009, prix du meilleur album lors du 36e festival de la bande dessinée à Angoulême.
www.lesrequinsmarteaux.org
Privat, la maison doyenne
Privat, c'est depuis 170 ans, l'enseigne emblématique de l'édition toulousaine. Fondée en 1839 par Édouard Privat, la « Maison » a longtemps été celle des Lettrés et de l'Académie. C'était la « librairie d'enseignement », spécialisée dans les ouvrages pédagogiques et historiques, et aussi d'histoire locale, avec un chef-d'œuvre absolu, l'« Histoire du Languedoc » de Dom Devic et Dom Vaissette. Au fil du temps et des successeurs, mais sans rien abandonner des ouvrages scientifiques et de recherche, sans rien perdre du « sérieux » qui constitue le fil directeur et la marque de fabrique de Privat, cette activité de base s'est largement diversifiée. Les « beaux livres » foisonnent, sur Toulouse et sa région, sur ses merveilles architecturales et paysagères, sur ses fleurons (aviation, espace, universités…). Il y a quelques années, l'éditeur, désormais séparé de la librairie, ouvre, sous la houlette de Janine Garrisson, une collection de romans historiques. Elle compte aujourd'hui une trentaine de titres qui ont assis son succès. Dernier en date des prouesses éditoriales de Privat (parmi la cinquantaine de titres qui sortent chaque année des presses de Privat), ce recueil des articles de Jean Jaurès publiés en son temps dans La Dépêche. Une somme considérable, qui rassemble plus de 1 300 textes fondateurs de la pensée et de l'action de l'Apôtre de la paix.